3 juin 2014

80 - Principes, paradoxes et culture biblique

On ne dirait pas comme ça, mais Flore n'a pas que des défauts.
Même que c'est une chouette gamine !

On ne dirait pas comme ça, aussi, mais je ne suis pas une mère laxiste.
J'essaie même d'être plutôt cadrante (déformation professionnelle), en tentant de n'être ni castratrice, ni limitante à mauvais escient.

Je suis d'ailleurs souvent tiraillée entre les bons principes et un instinct bestial primaire qui me pousserait malgré moi à faire moi aussi ma colère, trépigner et taper sur l'objet de mon courroux.
En d'autres mots, donner une fessée à ma fille.
Je sais, c'est mal.
Ca va bientôt être interdit par la loi.
J'aimerais ne jamais en arriver là.
Ca me fait culpabiliser à mort.
Ca répond à la violence par la violence.
Ca lui prouve que je ne sais plus comment m'y prendre avec elle.

J'avoue, ça m'est arrivé.
Moi qui avant d'avoir un enfant pensait être en pleine possession de mes moyens, maîtresse de moi-même, calme et pondérée, voilà que parfois, une harpie transparaît sous cette bonhommie apparente.
J'en suis la première consternée.

La vie est faite de paradoxe.

Tout comme les avis des autres, d'ailleurs.
Enfin, quand je dis avis, c'est plutôt jugement, que j'entends.
C'est une chose qui m'étonnera toujours, de voir avec quelle facilité les gens font la leçon aux autres.

Et ce qui m'amuse, c'est que selon les personnes, on est une chose ou son contraire.

Pour certains, ceux qui n'ont pas d'enfants, ceux qui ont eu des enfants faciles, ceux qui ont vécu l'âge d'or d'il y a quarante ans (pas d'écrans, pas d'agendas de ministre, mère au foyer...), ceux qui sont tellement limitants que leurs petits n'osent pas bouger un cil, ceux dont les enfants sont sages chez eux mais épouvantables chez les autres..., je fais preuve de trop de tolérance à l'égard de ma fille.

Pour d'autres, ceux qui confondent permissivité et laxisme, ceux que cela ne gêne pas que leur maison soit transformée foire-fouille, ceux qui sont (trop) cools, ceux qui ont des théories, ceux qui n'ont pas compris Dolto..., je fais preuve de trop de rigueur.
Je me suis même fait traiter de psycho-rigide par l'un de ceux-là, dont la fille d'à peine 13 ans se taille en douce la nuit...
Marcher dans le village avec ses copines...
En string, maquillée comme un camion volé.

Quoi qu'il en soit, j'ai décidé de laisser tomber la valse des contradictions, et d'essayer de faire ma sauce, avec mon tempérament (je maîtrise à peu près), celui de Julien (la maîtrise m'échappe un peu), et celui de Flore (bon...).

Et pour lier la sauce, j'utilise les rites.
A commencer par nos petits rites du soir.

J'adore les contes. Ils me paraissent tout à fait adaptés à ma fille. 
Quand j'étais étudiante à l'école normale, mon sujet de mémoire avait été « la psychanalyse des contes de fées ». On n'imagine pas la portée éducative des contes. Entre le message optimiste véhiculé (enfin, la plupart du temps : je me souviens de la petite fille aux allumettes, ce n'était pas joyeux-joyeux. Disons plutôt une forme d'optimisme moral), l'identification grâce au caractère stéréotypé des personnages, qui veulent tous régler un problème ou parvenir à leur quête, malgré les obstacles ( = les frustrations et les contraintes de la vie... c'est ce point que j'apprécie de mettre en évidence, pour ma fille...) et qui permet également de comprendre ses propres émotions, désirs ou pulsions, les contes ont une valeur éducative très forte.

Et c'est moins culpabilisant de lire le petit chaperon rouge que de donner une fessée.
Si.

En ce moment, je lui lis un très beau conte : la bible (une version enfant, évidemment).
Du coup, j'allie les vertus éducatives avec la culture.
(Vous êtes déjà allés dans un musée avec votre enfant ? S'il n'a pas un minimum de connaissance de culture judéo-chrétienne, il passe à côté d'un paquet de symboles !)

Nous en sommes à Moïse.
Flore me pose les évidentes questions :
- Mais pourquoi le buisson il est en feu sans brûler ?
Evidemment, c'est pas toujours très logique, la bible...
- Et puis pourquoi le Nil il a du sang ?
- Ben...
- Et pourquoi il fait nuit pendant trois jours ?

Cela met à mal ma propre culture en la matière, mais je le justifie tout de même en lui expliquant que, dans l'histoire, ce sont des miracles de Dieu. Ca se justifie parce qu'il n'y a pas d'explication naturelle à un miracle !
Et puis que c'est un conte, quoi !

Comment vous l'expliquez, vous, qu'un gamin grand comme un pouce - même avec des bottes spéciales - puisse faire 25 kilomètres en une seule foulée ?

Et puis il y a des questions beaucoup plus raides :
- Pourquoi les hébreux, ils mangent les chouettes petits agneaux ?
- Maman, Dieu il est méchant (aïe !) parce qu'il fait du mal aux gens et il tue tous les petits garçons des Égyptiens (re-aïe)...

Mais le pompon, ça a été deux épisodes particulièrement injustes à ses yeux.

Tout d'abord, quand Moïse a refermé les eaux de la mer. Flore est restée mortifiée devant l'illustration.
- Mais maman, et les chevaux des égyptiens, ils vont être noyés ! Pauvres bêtes ! Ils z'ont rien fait, eux !

Et puis, quand on en est arrivé au sacrifice d'Abraham :
- C'est affreux cette histoire ! Pourquoi Abraham il tue le pauvre bélier qui passait par là ? Il avait qu'à tuer son fils, comme prévu !

Ben oui, quoi !


2 commentaires:

  1. c'est un sacré personnage que vous avez là....Pour ma fille on m'accusait souvent de laxisme :) voyez ce qu'elle est devenue, mais c'était pourtant une enfant facile à mes yeux. Je n'ai jamais levé la main sur elle. J'ai aussi une "mauvaise influence" sur ma petite-fille :) avec qui j'ai pourtant une patience infinie, mais qui est arrivée à me faire sortir de mes gonds. Je ne crois pas aux principes, deux enfants élevés avec les mêmes principes d'éducation ne deviendront pas adultes de la même façon. Nous avons vu cela: l'une fait une carrière brillante, beau mariage etc, l'autre finie droguée, prostituée. je crois que l'on doit juste agir, réagir selon notre coeur, selon e caractère de chaque enfant. chaque être est différent...mais avant tout, ne rien imposer à l'enfant que l'on n'aimerait pas que l'on nous impose.

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    1. Sacré personnage, mais ni plus ni moins que les autres enfants... Chacun a sa particularité, j'ai pu le constater dans mes classes successives. Les enfants, c'est génial ! ;-) et leurs réactions font remonter en nous ce qu'on avait de folie aussi. Et ça, c'est tellement bon !

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