Un
autre versant de ma vie est mon métier.
Quand j'étais en CM1, j'ai eu une illumination : Je voulais être ingénieur des eaux et forêts. Travailler en forêt, sur la faune, la flore. Une véritable passion.
Ce projet m'a portée jusqu'en terminale. Mes parents étaient fiers de dire, lors des réunions de parents d'élèves, que, contrairement aux autres parents, ils ne se posaient pas la question de mon orientation, elle était toute tracée et déterminée depuis (presque) toujours.
Quand j'étais en CM1, j'ai eu une illumination : Je voulais être ingénieur des eaux et forêts. Travailler en forêt, sur la faune, la flore. Une véritable passion.
Ce projet m'a portée jusqu'en terminale. Mes parents étaient fiers de dire, lors des réunions de parents d'élèves, que, contrairement aux autres parents, ils ne se posaient pas la question de mon orientation, elle était toute tracée et déterminée depuis (presque) toujours.
C'est
ainsi qu'après le bac, j'ai commencé mes études
d'institutrice.
Ne ris pas. Ca a été une déception pour tout le monde, à commencer par moi.
Ne ris pas. Ca a été une déception pour tout le monde, à commencer par moi.
Mais
quelques désillusions que je ne détaillerai pas m'ont fait changer
d'avis quasiment du jour au lendemain.
Année
sabbatique, tempête sous mon crâne, recherche active
et accélérée d'une nouvelle orientation, j'ai donc passé le
concours de l'école normale.
Ingénieur des eaux et forêts, ça a été vite
oublié (mais pas complètement, tu verras plus tard), parce que je
me suis aperçue que j'adorais les enfants et que j'avais toujours
beaucoup d'idées pour créer des projets avec eux.
D'école
en école, de classes en classes, j'en suis arrivée là où
j'enseigne aujourd'hui, où j'ai une classe de CM2, qui se révèle
être le niveau que je préfère et dans laquelle j'investis beaucoup
d'énergie avec plaisir.
Dans l'école de mon village, nous sommes donc quatre femmes enseignantes en place depuis quelques années, quand arrive un nouveau directeur. Tout de suite, lui et moi, nous accrochons. Il faut dire que c'est quelqu'un qui aime rire, comme moi.
En plus de nos relations professionnelles cordiales, naît une affinité plutôt gai-luronne : Ensemble, inévitablement, c'est le mot qui fourche, la conjoncture comique, la promesse d'un fou-rire , comme si nous étions branchés sur la même longueur d'ondes question rigolade.
Tiens, un exemple : Dans la cour, les enfants jouent aux billes. C'est chouette, les billes. Nous, petits, je me souviens, on en avait de deux tailles : les billes et les calots. Aujourd'hui, est apparue toute une variété de plus en plus grosses, et, à part la bille et le calot, tu peux aussi jouer avec les boulets, les mammouths, les baleines et les boulards. Certaines grosses comme un poing d'enfants : de vrais monstres ! Avec ça, évidemment, les impacts de fêlures sur les portes vitrées des écoles se sont multipliés.
Dans l'école de mon village, nous sommes donc quatre femmes enseignantes en place depuis quelques années, quand arrive un nouveau directeur. Tout de suite, lui et moi, nous accrochons. Il faut dire que c'est quelqu'un qui aime rire, comme moi.
En plus de nos relations professionnelles cordiales, naît une affinité plutôt gai-luronne : Ensemble, inévitablement, c'est le mot qui fourche, la conjoncture comique, la promesse d'un fou-rire , comme si nous étions branchés sur la même longueur d'ondes question rigolade.
Tiens, un exemple : Dans la cour, les enfants jouent aux billes. C'est chouette, les billes. Nous, petits, je me souviens, on en avait de deux tailles : les billes et les calots. Aujourd'hui, est apparue toute une variété de plus en plus grosses, et, à part la bille et le calot, tu peux aussi jouer avec les boulets, les mammouths, les baleines et les boulards. Certaines grosses comme un poing d'enfants : de vrais monstres ! Avec ça, évidemment, les impacts de fêlures sur les portes vitrées des écoles se sont multipliés.
Sans
oublier LE gosse qui va trouver drôle de s'en servir de projectile
sur un autre.
En conseil des maîtres, nous décidons donc d'interdire les billes de toute taille supérieure au calot, avant que l'école ne soit transformée en champ de bataille. Le directeur passe alors de classe en classe annoncer la nouvelle :
- Les enfants, dit-il à mes CM2, une classe de petits malins, nous avons décidé d'interdire toute bille supérieure au calot. Pour votre sécurité, nous n'en voulons plus à l'école.
- Mais, monsieur le Directeur, rétorque un plus malin que les autres, qu'est ce qui nous empêche de cacher nos grosses billes dans notre trousse ?
- Ah mais là, non, non, non, riposte avec conviction le Directeur. Ce n'est pas possible !
- Et pourquoi, contre-attaque à nouveau l'élève ?
- Et bien, allègue alors mon chef en se touchant le nez avec sérieux, sachez que moi, je sens le mammouth, et votre maîtresse, elle, elle sent la baleine !
Blanc.
En conseil des maîtres, nous décidons donc d'interdire les billes de toute taille supérieure au calot, avant que l'école ne soit transformée en champ de bataille. Le directeur passe alors de classe en classe annoncer la nouvelle :
- Les enfants, dit-il à mes CM2, une classe de petits malins, nous avons décidé d'interdire toute bille supérieure au calot. Pour votre sécurité, nous n'en voulons plus à l'école.
- Mais, monsieur le Directeur, rétorque un plus malin que les autres, qu'est ce qui nous empêche de cacher nos grosses billes dans notre trousse ?
- Ah mais là, non, non, non, riposte avec conviction le Directeur. Ce n'est pas possible !
- Et pourquoi, contre-attaque à nouveau l'élève ?
- Et bien, allègue alors mon chef en se touchant le nez avec sérieux, sachez que moi, je sens le mammouth, et votre maîtresse, elle, elle sent la baleine !
Blanc.
Je
sais, je sens qu'il vient de percuter le double sens de son annonce à
vingt-cinq gosses de onze ans facétieux et moqueurs qui ne vont pas nous louper.
Je ne le regarde surtout pas.
Il ne me regarde surtout pas.
Nous fixons d'un commun accord implicite le fond de la classe d'un œil impénétrable.
Puis il baragouine aussi dignement que possible un « je compte sur vous, les CM2 » et sort un peu raide. Comme si de rien n'était. Je reprends les rennes de ma classe avec toute la maîtrise dont je suis capable après une telle épreuve. Mais le gloussement incontrôlable que j'entends dans le couloir ne m'échappe pas !
Je ne le regarde surtout pas.
Il ne me regarde surtout pas.
Nous fixons d'un commun accord implicite le fond de la classe d'un œil impénétrable.
Puis il baragouine aussi dignement que possible un « je compte sur vous, les CM2 » et sort un peu raide. Comme si de rien n'était. Je reprends les rennes de ma classe avec toute la maîtrise dont je suis capable après une telle épreuve. Mais le gloussement incontrôlable que j'entends dans le couloir ne m'échappe pas !
Je
ne te raconte pas la récréation qui a suivi. Tiens, j'en pleure
encore !
L'école est un lieu sérieux et professionnel, où l'on a la lourde responsabilité d'accueillir et d'instruire tes enfants.
Mais tout ça, ça ne dispense pas d'y entretenir des chouettes conditions de travail.
Pourtant, la mission de directeur n'est vraiment pas simple. Et rapidement, mon « chef » et néanmoins ami décide de quitter l'école pour une autre orientation professionnelle, refroidi par la mission intéressante mais Ô combien ingrate qu'est la direction d'école.
Tu veux un exemple ? Un simple petit exemple de la considération qu'ont pour nous les partenaires de l'école ? Quelques élus locaux, sous la houlette de leur chef à eux, bien moins drôle que le mien, nous appellent « le débutant et ses quatre pétasses ».
La classe, hein ?
L'école est un lieu sérieux et professionnel, où l'on a la lourde responsabilité d'accueillir et d'instruire tes enfants.
Mais tout ça, ça ne dispense pas d'y entretenir des chouettes conditions de travail.
Pourtant, la mission de directeur n'est vraiment pas simple. Et rapidement, mon « chef » et néanmoins ami décide de quitter l'école pour une autre orientation professionnelle, refroidi par la mission intéressante mais Ô combien ingrate qu'est la direction d'école.
Tu veux un exemple ? Un simple petit exemple de la considération qu'ont pour nous les partenaires de l'école ? Quelques élus locaux, sous la houlette de leur chef à eux, bien moins drôle que le mien, nous appellent « le débutant et ses quatre pétasses ».
La classe, hein ?
Etre directeur d'école, c'est être le cul entre plein de chaises. Chaises sur lesquelles sont assises la plupart du temps des personnes si ce n'est importantes du moins qui l'aimeraient bien (ce sont les pires).
T'as intérêt à avoir un cul conséquent.
Et moi, va comprendre, peut-être parce que je ne supporterai pas un autre chef que celui qui va nous quitter, je décide de poser mon postérieur d'instit qui sent la baleine sur ces chaises-là.
Trop bon! Je n'aurais pas su me retenir d'éclater de rire...Et un bon fou-rire, même en classe, ça fait du bien!
RépondreSupprimerLa chaise que tu as occupé (tout comme je le fais encore!) n'est pas des plus agréables, mais apporte parfois aussi, de bons moments! Tu l'as sans doute occupé de la meilleure des façons tout au long de ces 7 années...mais tu as maintenant de plus agréables "fauteuils" sur lesquels poser ton "postérieur"! hihi.
Léger post, plein de fraîcheur! J'adore!!
Un bon fou rire en classe, oui, cela m'est déjà arrivé, et tu as raison : c'est BON ! D'autant que souvent, les enfants sont partants pour rire avec toi ;-)
SupprimerMerci pour les remarques sur ma "mission" de directrice. Je l'ai faite avec professionnalisme et conscience... Mais comme le savent la plupart des directeurs, tu dois presque allégeance à certains de tes partenaires, qui ne se gênent pas pour te rappeler leur supériorité...
Continue, j'ai hâte de lire tes péripéties de baleine...juste pour rire...<3
RépondreSupprimerKarima, j'ai encore beaucoup de péripéties en réserve ! Continue à me dire ce que tu en penses, cela me fait vraiment plaisir, de la part de mes anciennes élèves... ;-)
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