Et notre dossier d'adoption vogue, d'administration en administration, sans qu'on n'y puisse rien. Sans même, parfois, qu'on ne sache où il est passé (voire SI il est passé !). Les méandres kafkaïens des procédures administratives haïtiennes (que les françaises n'auraient rien à lui envier, cela dit) sont assez abscons.
Tandis que notre dossier bourlingue, le temps passe, et chaque mois, nous recevons ce que Dixie appelle « un update ».
Ahhh ! L'update mensuel !
Cinq ou six photos de notre enfant, et un compte-rendu de la vie de l'orphelinat et de la progression de notre tout-petit.
Ca parle un peu de l'avancée de la procédure aussi.
Mais pas trop.
Vu
que ça n'avance pas.
Quoi qu'il en soit, suivre son enfant par procuration, c'est assez étrange, et en même temps, au fil des mois, tu as l'impression que c'est ça, la norme :
Savoir qu'il pleure seul, au milieu de dizaines d'autres, quand il fait une poussée de dents.
Savoir qu'il tombe tout seul, parmi les dizaines d'autres, quand il se lance pour ses premiers pas.
Savoir qu'il n'a ni histoire, ni petit bisou tendre, quand il va se coucher, le soir, parmi les dizaines d'autres, ...
Juste imaginer son enfant grandir ! Parmi les dizaines d'autres.
Oh ! Bien sûr, il y a les nounous, et les bénévoles, qui s'en occupent, qui les changent, qui les font jouer, qui les stimulent, qui les promènent.
Une heure par jour.
Et c'est déjà beaucoup : ils en faut un peu pour tout le monde ; ils sont tellement nombreux, les petits poussins de l'orphelinat...
Alors, qu'est ce que j'en développe, moi, de l'imagination, jour après jour, photo après photo, témoignage après témoignage. Je créé ainsi ma présence maternelle, à ma façon, lui envoyant un baiser, chaque soir pour lui dire bonne nuit, chaque matin pour lui dire bonjour ; baiser que je pose sur ma main puis que je souffle au vent, en direction de l'ouest.
Et je sais qu'elle les reçoit.
On me dit souvent : « Non, tu n'es pas une maman PRESQUE comme les autres... Tu ES comme les autres ! ». Sauf que je n'en connais pas beaucoup, des mamans bios, qui ont vécu la première dent, la varicelle ou le premier pas de son enfant sur internet, via un petit message et quelques photographies mensuels.
Mais c'est ainsi, et en fait, la promesse du prochain update, qui te rapproche de la rencontre avec ton enfant, te fait tenir le coup !
Et dans la joie même.
Chaque mois, quand tu découvres le mail, qui arrive en général la nuit (six heures de décalage avec Haïti), c'est l'euphorie, le délire, les rires, les larmes !
En plus, Dixie et son équipe ont le chic pour mettre en scène : Les enfants sont apprêtés, habillés, coiffés, assis au centre d'un décor créé pour l'occasion, avec des tissus colorés à l'arrière, des jouets, des objets divers, souvent selon un thème.
L'habillement, par exemple : Lors d'un mémorable update (remarque, ils le sont tous), B. une copine du forum, découvre sa poulette – même âge que la mienne – engoncée dans une robe meringuée, festonnée et dentellée à souhait, digne des demoiselles d'honneur d'un mariage américain !
La mienne, à Noël, est enturbannée dans un drapé de velours rouge à fourrure blanche, zazas assortis sur des mini-chouquettes de cheveux (pourtant peu nombreux).
Une autre fois, ma poulette en maillot de bain deux pièces à frou-frous (d'où dépasse l'énoooorme couche) est affublée d'une paire de lunettes de soleil, vaguement de travers (et pour cause : ce sont des lunettes d'adulte), sur fond de tissu vamos-a-la-playa (tiens, y'avait longtemps que je n'avais pas fait un peu d'espagnol). Comme elle est encore minuscule, elle ne tient pas bien assise et s'affale un peu sur un côté !
Son air bancal me colle un fou-rire, tandis que je me demande ce qu'elle peut bien avoir dans la tête, elle, ainsi attifée, à deux doigts de se vautrer sur les cocotiers d'un tissu bon marché !
Je ne te décrirai pas toutes les photographies que je reçois, mais de toutes façons, Flore pourrait être habillée en Incroyable Hulk ou en Pokémon que ce serait toujours la plus belle !
Avec
ses robes démodées, ma fille est tellement, cent fois, mille fois
plus attendrissante que si elle avait une garde-robe bobo-branchée !
Ahh ! Les updates !
C'est kitsch, c'est décalé...
C'est fabuleux !
: et nous les photos? on peut les voir? S
RépondreSupprimerOui. Mais je dois aller fouiller dans mes archives ;-)
Supprimeroh oui cherche, cherche...
SupprimerPHOTOOOOOOOOOOOOSSSSSSSSS!!!!!!!!!!!
RépondreSupprimerOK pour les photos, les filles, mais ce sera samedi... Faudra patienter un peu ;-)
RépondreSupprimerje me souviens avoir vécu les updates 'par procuration', avec les copines qui attendaient leur timoun... les fou rires et les emotions devant ces photos ..... :o)
RépondreSupprimerC'est un sacré moment ;-)
SupprimerCombien de temps avez vous attendu entre l'annonce de l' "attribution" de Flore, l'annonce que tout était ok pour son départ d'Haïti puis son arrivée chez vous?
RépondreSupprimerC'est un réel plaisir de vous lire.
RépondreSupprimerJolie plume qui illustre très bien ce que l'on peut vivre en parcours d'adoption.
Merci et vivement le prochain billet!
Mais qui est ce satané Stanley ???
RépondreSupprimerSuspense.....