Flore a donc été
une enfant calme et docile pendant une bonne année. Comme je le
disais précédemment, quelques percées discordantes se dessinaient
parfois, qui auraient dû me mettre la puce à l'oreille à propos de
son tempérament réel, mais je préférais ne rien voir.
Globalement, son adaptation a été une longue lune de miel
tranquille.
Julien, comme vous l'avez appris lors de sa visite pré-agrément chez les médecin, souffre du genou. Une opération est prévue. Lourde et qui entraînera un longue hospitalisation puis une immobilisation de près de deux mois.
C'est le moment que choisit Flore pour se dévoiler.
Il me paraît
primordial que Flore voie son père dans sa chambre d'hôpital, de
façon à bien intégrer qu'il est hospitalisé et non pas parti en
nous abandonnant.
Bien sûr, quand j'en demande l'autorisation aux infirmières, elles refusent. J'insiste, juste quelques minutes, quelques secondes, pour rassurer ma petite poule pour qui l'abandon n'a pas le même sens que nous.
Mais ce sera non. Je le conçois. Les règles sont faites pour préserver les malades. J'étais pourtant prête à désinfecter ma fille au Cif ammoniacal si nécessaire (on en a encore un stock depuis l'épisode Ascabiol).
Bien sûr, quand j'en demande l'autorisation aux infirmières, elles refusent. J'insiste, juste quelques minutes, quelques secondes, pour rassurer ma petite poule pour qui l'abandon n'a pas le même sens que nous.
Mais ce sera non. Je le conçois. Les règles sont faites pour préserver les malades. J'étais pourtant prête à désinfecter ma fille au Cif ammoniacal si nécessaire (on en a encore un stock depuis l'épisode Ascabiol).
Mais non.
A partir de ce moment, tout va partir en vrille.
En plus de l'angoisse probablement générée par la situation, Flore a presque trois ans. C'est l'âge de la première crise d'adolescence.
Et elle y saute à pieds joints !
A partir de ce moment, tout va partir en vrille.
En plus de l'angoisse probablement générée par la situation, Flore a presque trois ans. C'est l'âge de la première crise d'adolescence.
Et elle y saute à pieds joints !
Peu de temps après
l'hospitalisation de Julien, Flore et moi sommes invitées à passer
quelques jours en Normandie chez des amis.
Flore bafouille
toujours quelques mots, sans vraiment former de phrases, toujours
avec ses mots tronqués et ses trémollos dans la voix quand la
situation est désespérée (par exemple, quand on la fait descendre
d'un manège).
La maison en Normandie est superbe. Un ancien moulin avec trois étages et escalier à 90°.
Du coup, je fatigue un peu, car Flore avec sa conscience très approximative du danger plonge sur les marches comme dans le grand bain de la piscine.
L'engouement du moment, c'est un livre musical, aux pages en plastique dur, avec un bouton qui permet quand on le pousse d'écouter de jolies chansons, comme les petits poissons dans l'eau ou l'araignée Gypsy (il y a d'autres chansons, mais là, c'est le top 2). Flore passe son temps à appuyer sur l'un ou l'autre bouton, et nos journées sont scandées par l'araignée-Gypsy-qui-grimpe-à-la-gouttière-tiens-voilà-la-pluie-Gypsy-tombe-par-terre (fort heureusement pour l'araignée, le soleil va chasser la pluie).
Au bout d'un moment, à force de passer les chants en boucle, les piles s'usent. Au début, je considère ça comme une aubaine. Mais suis vite détrompée : Les chansons enrayées devenues borborygmes spongieux et incompréhensibles continuent de ravir Flore qui maintient son rythme d'écoute effréné.
La maison en Normandie est superbe. Un ancien moulin avec trois étages et escalier à 90°.
Du coup, je fatigue un peu, car Flore avec sa conscience très approximative du danger plonge sur les marches comme dans le grand bain de la piscine.
L'engouement du moment, c'est un livre musical, aux pages en plastique dur, avec un bouton qui permet quand on le pousse d'écouter de jolies chansons, comme les petits poissons dans l'eau ou l'araignée Gypsy (il y a d'autres chansons, mais là, c'est le top 2). Flore passe son temps à appuyer sur l'un ou l'autre bouton, et nos journées sont scandées par l'araignée-Gypsy-qui-grimpe-à-la-gouttière-tiens-voilà-la-pluie-Gypsy-tombe-par-terre (fort heureusement pour l'araignée, le soleil va chasser la pluie).
Au bout d'un moment, à force de passer les chants en boucle, les piles s'usent. Au début, je considère ça comme une aubaine. Mais suis vite détrompée : Les chansons enrayées devenues borborygmes spongieux et incompréhensibles continuent de ravir Flore qui maintient son rythme d'écoute effréné.
L'ouaaraignéeon Gyyypsouyyy grouimmmpwe woua loua gwouttwièèèreuuuuu...
Pauvre bête.
Pour abréger ma
torture musicale (et surtout celle des amis qui m'ont invitée et
n'ont pas mérité ça), au bout d'un moment, je retire carrément
les piles (que n'y ai-je pensé plus tôt ?).
Flore peste, mais on a la paix.
Jusqu'au moment où elle découvre qu'elle peut chanter elle-même, sans même avoir à appuyer sur un bouton, l'araignée-Gypsy, version « ouaaraignéeon Gyyypsouyyy».
Forcément, c'est la plus rigolote !
Pour nous dont la petite enfance est lointaine, Flore a des exaltations pour des choses qui peuvent paraître confondantes.
Flore peste, mais on a la paix.
Jusqu'au moment où elle découvre qu'elle peut chanter elle-même, sans même avoir à appuyer sur un bouton, l'araignée-Gypsy, version « ouaaraignéeon Gyyypsouyyy».
Forcément, c'est la plus rigolote !
Pour nous dont la petite enfance est lointaine, Flore a des exaltations pour des choses qui peuvent paraître confondantes.
Un exemple. Nous voilà à l'entrée d'un supermarché normand. Dans le hall d'entrée, une magnifique poissonnerie, avec un magnifique homard.
Le crustacé déclenche une salve de « Ouh ! » qui reste le mot fétiche et polyvalent.
J'explique à ma fille que c'est un ho-mard.
« 'mard ».
Presque !
Puis nous nous éloignons, avec l'inévitable et larmoyant « au'rvoir, 'mard ! » et commençons les courses, Flore dans le caddie.
Soudain, alors que
je suis plongée dans le rayon céréales, un hurlement déchirant me
glace les sangs :
« Ho-marrrrrrd ! »
Je me retourne vers ma fille, qui, les yeux plein de larmes et la bouche carrée, tend les mains en direction de la sortie du supermarché !
« Ho-marrrrrrd ! Ho-marrrrrrd ! Ho-marrrrrrd ! »
« Ho-marrrrrrd ! »
Je me retourne vers ma fille, qui, les yeux plein de larmes et la bouche carrée, tend les mains en direction de la sortie du supermarché !
« Ho-marrrrrrd ! Ho-marrrrrrd ! Ho-marrrrrrd ! »
Voyons le bon côté
des choses : elle dit le mot « homard » en
entier.
C'est probablement pour qu'il l'entende mieux !
C'est probablement pour qu'il l'entende mieux !
Je tente de la
calmer, mais elle se débat, et me fait comprendre qu'elle veut
retourner voir le homard.
A mon tour, je lui fais calmement comprendre que ce n'est pas raisonnable : Si on passe la matinée le nez vissé au vivarium, qui va faire les courses à notre place, hein ? Le homard ?
- Ho-maaard !
Mais rien à faire, et là, commence la première vraie colère de Flore !
A mon tour, je lui fais calmement comprendre que ce n'est pas raisonnable : Si on passe la matinée le nez vissé au vivarium, qui va faire les courses à notre place, hein ? Le homard ?
- Ho-maaard !
Mais rien à faire, et là, commence la première vraie colère de Flore !
Des larmes, des
trépignements, des hurlements (devinez !).
« Ho-maaard ! Ho-maaard ! Ho-maaard ! »
Complètement médusée (restons maritime) !
J'essaie tout.
- On le verra en sortant ! Là, tu sais, le gentil homard fait une petite sieste en nous attendant derrière son hublot (à l'abri des cris) !
- HO-MAAARD !
- Tiens ma poulette, regarde ! Un joli livre de coloriage sur les animaux de la ferme. C'est chouette, ça, les animaux de la ferme !
- HO-MAAARD !
- Que veux-tu manger ce midi ? Jambon-coquillettes-sauce-tomates-gâteau-au-chocolat ?
- HO-MAAARD !
- MAIS TU VAS ARRETER DE CRIER HOMARD COMME CA SINON JE VAIS ME FACHER !
- …
Tiens ? J'ai réussi ? (comme quoi, un peu d'autorité).
- HO-MAAARD !
Ah, non.
Je ne cède pas. Malgré la terrible angoisse qui m'étreint (cette petite est-elle normale ?) ; malgré le problème pratique (faire les courses – surveiller que Flore ne tombe pas du caddie – éviter que les coups de pieds ne transforment les tomates en coulis) ; et surtout malgré le terrible regard des autres, fort peu bienveillant.
- Mais calmez la, cette petite !
C'est vrai que moi, ça m'amuse qu'elle se roule dans le caddie en faisant du pédalo dans les courses et en hurlant « homard ».
Les gens sont marrants !
Finalement, après une heure de suée et de remarques désobligeantes, nous passons à la caisse, et nous approchons de la poissonnerie (« homard ? »). Je crains déjà le moment où nous allons devoir repartir, mais chaque chose en son temps.
Flore se calme d'un coup, regarde à peine le homard, et me sourit :
- Ambon-nouille, maman ?
« Ho-maaard ! Ho-maaard ! Ho-maaard ! »
Complètement médusée (restons maritime) !
J'essaie tout.
- On le verra en sortant ! Là, tu sais, le gentil homard fait une petite sieste en nous attendant derrière son hublot (à l'abri des cris) !
- HO-MAAARD !
- Tiens ma poulette, regarde ! Un joli livre de coloriage sur les animaux de la ferme. C'est chouette, ça, les animaux de la ferme !
- HO-MAAARD !
- Que veux-tu manger ce midi ? Jambon-coquillettes-sauce-tomates-gâteau-au-chocolat ?
- HO-MAAARD !
- MAIS TU VAS ARRETER DE CRIER HOMARD COMME CA SINON JE VAIS ME FACHER !
- …
Tiens ? J'ai réussi ? (comme quoi, un peu d'autorité).
- HO-MAAARD !
Ah, non.
Je ne cède pas. Malgré la terrible angoisse qui m'étreint (cette petite est-elle normale ?) ; malgré le problème pratique (faire les courses – surveiller que Flore ne tombe pas du caddie – éviter que les coups de pieds ne transforment les tomates en coulis) ; et surtout malgré le terrible regard des autres, fort peu bienveillant.
- Mais calmez la, cette petite !
C'est vrai que moi, ça m'amuse qu'elle se roule dans le caddie en faisant du pédalo dans les courses et en hurlant « homard ».
Les gens sont marrants !
Finalement, après une heure de suée et de remarques désobligeantes, nous passons à la caisse, et nous approchons de la poissonnerie (« homard ? »). Je crains déjà le moment où nous allons devoir repartir, mais chaque chose en son temps.
Flore se calme d'un coup, regarde à peine le homard, et me sourit :
- Ambon-nouille, maman ?
Ce qui dans son langage, signifie qu'elle a faim et irait bien se manger le jambon-coquillettes accordé sous la menace.
C'est donc la première et mémorable colère de ma fille. Première d'une longue série, aussi.
Je vais m'y habituer. Mais pour cette première, j'avoue que je suis très décontenancée. Je n'ai pas forcément eu les bonnes réponses. Mais existe-t-il vraiment des réponses ?
Quoi qu'il en soit, je découvre une facette de ma propre personnalité que j'ignorais jusque là : Une sorte de violence à peine contenue, une envie irrépréssible de coller ma fille au mur, de hurler plus fort qu'elle, de la secouer comme un prunier, de la balancer dans le vivarium (alors, il est toujours aussi sympa, le homard ?)...
Des actes mûrement réfléchis et cohérents, qui, soyons en sûr, auront un effet très bénéfique sur sa colère.
Mais comme je suis normalement constituée, je reporte ma vengeance sur autre chose que mon propre enfant.
Voyons, voyons, le
pot de mayonnaise, il est où ?
La mayo....avec le homaaaaaaaaaaaard! ;-)
RépondreSupprimerBlague à part, nous en avons toutes connues de ces colères irrépressibles qui nous feraient devenir de monstrueuses mères prêtes à arracher la langue de leur enfant! L'impuissance que l'on ressent est terrible...et la honte dans le magasin!!!
Bref, elle a fait son 1er test! lol
Mais tu es une super maman :-)
Oui, hein ? Le homard, c'est bon (pauvre bête ;-)
SupprimerSinon, c'est vrai que le sentiment qu prédomine, c'est l'impuissance, comme tu dis, Evelyne !
Depuis, elle a fait tout un tas de tests, hihihi!
bisous
Je me sens moins seule dans le style mauvaise-mère-avec-pulsions-violentes.....
RépondreSupprimerMa princesse peut se métamorphoser en sorcière-colère à une vitesse vertigineuse. Heureusement, depuis quelques temps, la boîte à colère a fait son apparition chez nous et cela va nettement mieux...., pourvu que ça dure !
Je te confirme, pour en avoir beaucoup parlé autour de moi, qu'on est nombreuses à avoir des pulsions de colère. La colère appelle la colère et l'attise, même. J'en suis restée surprise, de ma propre réaction !
SupprimerNous avions, nous aussi, trouvé la boîte à colère (c'était presque autant pour moi que pour Flore, hihihi!), et quelques petits livres qui sont bien (grosse colère, entre autres...)
Bises
"Toute frustration mène à une construction!" mais ça vaut surtout pour nous les parents quand on se retient de les piler sur place, ces chères têtes blondes.... Bises
RépondreSupprimerhihihihi !
SupprimerBises Véro !