25 avr. 2014

66 - Les bébés nageurs

Et le temps passe comme ça...

Nous faisons refaire toutes les analyses à Flore.
Elle a un dossier médical monté par l'orphelinat, avec les prises de sang, le suivi psychologique et les vaccins, mais il nous semble préférable de confirmer.
D'autant qu'elle avait une grosse anémie, dûe aux carences nutritionnelles avant d'arriver à l'orphelinat.
Et puis nous voulons vérifier les pathologies lourdes, comme le VIH,  la syphillis ou l'hépatite B.

Pour la sérologie, tout va bien, mais elle est toujours anémiée, ses globules rouges sont plus petits que la normale, l'hématocrite en dessous de la norme, son taux de ferritine réduit à peau de chagrin. On suspecte donc une maladie génétique comme la thalassémie ou la drépanocytose.
En attendant les examens complémentaires, le médecin nous déconseille de la mettre aux bébés nageurs tout de suite, car avec des taux si bas de globules, elle va avoir du mal à maintenir sa température à un bon niveau et risque d'avoir très froid dans l'eau.
Pourtant, moi qui suis une nageuse, ça me tient à cœur. Mais ce n'est que partie remise, et nous entamons un gros traitement contre l'anémie.

Au bout de deux mois, les globules rouges ayant repris leur taille normale, le manque de fer persiste (c'est long à rééquilibrer), mais rien n'indique que Flore souffre de drépanocytose ou de thalassémie. Elle reste encore un peu anémiée, et on continue le traitement.

On peut enfin l'inscrire aux bébés nageurs. 

 
C'est Julien qui s'y colle pour aller dans l'eau, chauffée à bloc, de la piscine du village voisin.

D'abord, il faut trouver des couches adaptées, et un maillot de bain trois tailles au-dessus de la norme, afin que la couche tienne dedans. C'est amusant de voir tous ces enfants avec des fesses énormes – surtout quand la couche est mouillée – se dandiner vers le bassin.
Flore nous surprend en montrant un certain sens aquatique, principalement quand elle saute dans l'eau sans qu'on ait eu le temps de l'y inviter. En fait, c'est là que nous nous apercevons que notre gamine de presque deux ans n'a aucun sens du danger, et peur de rien.
Moi, ça m'éclate, Julien, ça le rend malade. Surtout que c'est lui qui est dans l'eau, et je le vois hyper-concentré pour ne jamais la perdre de vue, ramer avec les bras pour l'attraper quand elle coule en se marrant (gloub, hihi, gloub, Ouh !), jouer des coudes pour éviter les collisions avec les autres enfants, tenir fermement les jeux dans l'eau quand elle essaie de passer dessous...

Pendant ce temps, je mitraille à l'appareil photo, gaga devant ma championne du monde.
Au fil des séances, Flore progresse bien, même si elle fait encore l'inquiétude de Julien et que les maîtres nageurs la surveillent d'assez près depuis qu'elle a voulu aller toucher le carrelage du fond du grand bain.

Le petit bassin est rempli de jeux et de jouets, de deux toboggans qui ne désemplissent pas, de cabanes en plastiques à explorer, de ballons, de cerceaux, et surtout d'un beau et long tapis bleu qui permet de marcher sur l'eau jusqu'au milieu du bassin où là, youp ! On fait une petite galipette avant d'atterrir dans l'eau. Flore aime particulièrement cette dernière activité, et je décide de faire un film commenté, en appelant fréquemment ma fille pour qu'elle regarde l'objectif...

Avant de poursuivre mon histoire, il faut que j'explique quelque chose concernant la photo des enfants à la peau marron : Ca bouscule tous les réglages qu'on a l'habitude de faire, surtout quand les autres personnes à côté sont blanches. Julien – dont c'est pourtant le métier – a mis un certain temps à parfaire les photos où Flore et moi sommes ensemble. Parce que si on éclaircit trop pour bien voir les traits de ma fille, j'ai l'air d'un fromage blanc (si cher à Doc Bonobo), et si on fonce un peu pour mieux me distinguer, Flore a l'air maquillée au charbon.
C'est pas simple.

Après des tonnes de réglages, donc, je me lance dans mon film, me penche, fais des effets de travelling, m'approche lentement, interpelle Flore, refais un petit réglage, m'approche encore, quand je sens le sol du bord de la piscine un peu plus mouvant que d'ordinaire. Et même, il s'enfonce un peu, et encore un peu, lentement, inexorablement. M'inquiétant de cette sensation anormale, je sors mon œil de l'objectif pour m'apercevoir que je suis sur le grand tapis bleu, en train de couler...
En jean.
Si.

Chaque jour apporte à notre enfant des raisons sérieuses de se questionner sur la famille qui l'a adoptée !
Cela dit, au moins, elle ne s'ennuie pas, avec nous.


9 commentaires:

  1. mais...mais... pourquoi as tu donc recadrer la photo de toi ds la piscine ???
    :o))))))

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  2. Hiiii j'ai bien ri encore une fois d'ailleurs !!!
    Non pas à cause du plongeon en jean... non... non.... pas non plus pour les réglages photographiques.... non..... hiii

    J'adorerai faire les bébés-nageurs.... mais avec deux filles et un seul nageur dans la famille comment allons nous faire !!! et puis si je dis à mon homme le samedi matin d'hiver enfiles toi maillot... moule machin et hop au bain... j'imagine la tronche !!!!!!!!!! HIii
    Mais je désespère pas en faire des sirènes... comme leur mère... même si elle a pris cher la sirène.... hiiiiiiiiiiiiiiii !!!!

    Gros bisous !!!!!!!!!!!!!!

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    1. C'est vrai que faire les bébés nageurs en hiver, passer dans le vestiaire pas toujours chauffé, se mettre en maillot, etc. heureusement que le bain est bien chauffé, lui, parce qu'on ne bouge pas trop... On n'est pas toujours très motivé ! Mais pour les enfants, quel bénéfice !
      Bises !

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  3. Pierre Richard est un arrière, arrière, arrière cousin ???
    J'ai attrapé le okay à force de rire !

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