J'ai
l'impression d'être dans un autre monde.
Il
fait frais dans l'avion. Installés dans la rangée centrale, Flore
est dans un berceau devant moi, Mattéo à ma droite. Julien a une
place de l'autre côté de l'allée.
Les hôtesses m'ont expliqué qu'en cas de trou d'air, je dois reprendre ma gamine avec moi, et attacher sa ceinture à ma ceinture.
C'est rigolo.
Les hôtesses m'ont expliqué qu'en cas de trou d'air, je dois reprendre ma gamine avec moi, et attacher sa ceinture à ma ceinture.
C'est rigolo.
Mattéo est toujours silencieux. Il a une grosse plaie à la main qui s'est infectée, juste avant de partir. Je vérifie régulièrement son bandage ; il se laisse faire sans rien dire, mais je sais qu'il a très mal. De temps à autre, je lui montre les photos de Françoise et Didier, en lui rappelant que nous volons vers sa maman et son papa.
La
première escale en Martinique n'est pas très agréable : le
passage en douane est long, mais nous passons finalement assez
facilement. Julien ne trouve aucun endroit pour fumer. Je vois qu'il
prend sur lui. En tant qu'ancienne fumeuse, je compatis.
Le
vol pour Paris prend une autre allure.
J'ai toujours une petite appréhension, mais quelque chose de plus fort m'envahit : Je regarde Flore sans arrêt. Je n'en reviens pas qu'elle soit auprès de moi, en route pour la France.
J'ai toujours une petite appréhension, mais quelque chose de plus fort m'envahit : Je regarde Flore sans arrêt. Je n'en reviens pas qu'elle soit auprès de moi, en route pour la France.
Nous
volons vers la nuit, et tout le monde s'endort dans l'avion. Sauf
elle et moi. Elle aussi me regarde. Il passe tant de choses entre
nous.
A un moment, l'homme de l'autre côté de Mattéo bouge dans son sommeil, et se retourne, faisant tomber son bras sur la main endolorie du petit garçon, qui se réveille en poussant un hurlement de douleur. Les passagers alentour, extirpés de leur sommeil en sursaut, me regardent méchamment. Je dois absolument faire cesser les cris. Je bafouille de vagues excuses à la cantonade, je cajole Mattéo qui a mal. Il se rendort rapidement. Les voisins aussi.
Ouf !
A un moment, l'homme de l'autre côté de Mattéo bouge dans son sommeil, et se retourne, faisant tomber son bras sur la main endolorie du petit garçon, qui se réveille en poussant un hurlement de douleur. Les passagers alentour, extirpés de leur sommeil en sursaut, me regardent méchamment. Je dois absolument faire cesser les cris. Je bafouille de vagues excuses à la cantonade, je cajole Mattéo qui a mal. Il se rendort rapidement. Les voisins aussi.
Ouf !
Quelques
instants plus tard, je sens qu'il faut changer Flore. Julien me
propose d'aller le faire. Je m'empresse d'accepter. Changer un bébé
dans les toilettes d'un avion relève de l'exploit !
Après son exercice de contorsionniste, Julien profite de l'occasion pour faire faire un tour à Flore, et jouer avec elle. Il lui donne un petit gâteau au chocolat, s'amusant à faire semblant de le croquer à sa place. Il fait sombre dans l'avion, je les aperçois qui rient tous les deux.
Je me détends un peu, quand un cri effroyable retentit. Julien me balance Flore dans les bras, l'air paniqué. La gamine hurle à pleine puissance. Entre deux cris, il m'explique que dans la pénombre, il a confondu le chocolat et le petit doigt marron de notre fille, et qu'il a joyeusement croqué dedans !
Après son exercice de contorsionniste, Julien profite de l'occasion pour faire faire un tour à Flore, et jouer avec elle. Il lui donne un petit gâteau au chocolat, s'amusant à faire semblant de le croquer à sa place. Il fait sombre dans l'avion, je les aperçois qui rient tous les deux.
Je me détends un peu, quand un cri effroyable retentit. Julien me balance Flore dans les bras, l'air paniqué. La gamine hurle à pleine puissance. Entre deux cris, il m'explique que dans la pénombre, il a confondu le chocolat et le petit doigt marron de notre fille, et qu'il a joyeusement croqué dedans !
Ma
pauvre poulette ! Quels parents turlututus on t'a fourgués
là !
Bien sûr, les voisins sont à nouveau réveillés. Je me ratatine dans mon fauteuil, laissant Julien se dépatouiller avec la situation. Mattéo commence à bouger dans son sommeil. Pourvu qu'il ne se coince pas sa main blessée. Julien fait des gestes d'apaisement envers les passagers. Je calme Flore, Mattéo se renfonce dans son siège, le calme revient...
Ce qui est bien, avec tout ça, c'est que je n'ai pas le temps de penser que j'ai peur. On devrait faire breveter notre découverte en faveur des personnes anxieuses en avion : Voyager avec des enfants à qui on mord le doigt, ça occupe l'esprit !
Bien sûr, les voisins sont à nouveau réveillés. Je me ratatine dans mon fauteuil, laissant Julien se dépatouiller avec la situation. Mattéo commence à bouger dans son sommeil. Pourvu qu'il ne se coince pas sa main blessée. Julien fait des gestes d'apaisement envers les passagers. Je calme Flore, Mattéo se renfonce dans son siège, le calme revient...
Ce qui est bien, avec tout ça, c'est que je n'ai pas le temps de penser que j'ai peur. On devrait faire breveter notre découverte en faveur des personnes anxieuses en avion : Voyager avec des enfants à qui on mord le doigt, ça occupe l'esprit !
Le
reste du vol est sans embûche, rythmé par un nombre impressionnant de visites
aux toilettes, pour les deux enfants à
tour de rôle, afin de prévenir les incidents . Je laisse à Julien
le plaisir des manoeuvres, devenu un véritable expert es-pipi-caca en espace
restreint.
Quand vient le petit déjeuner, les lumières d'Orly sont en vue et, à part que Mattéo me pique ma compote, je mange avec plaisir, me répétant qu'approche le moment où les parents de Julien et les miens vont faire la connaissance de notre fille.
J'ai de belles décharges d'adrénaline, et suis impatiente de les voir. Je me demande comment cela va se passer pour Mattéo. J'espère de tout mon cœur qu'il va reconnaître ses parents. Je lui montre la photo sans arrêt, en lui répétant que nous arrivons, et que sa maman et son papa sont là, en bas, et n'attendent que lui.
Quand vient le petit déjeuner, les lumières d'Orly sont en vue et, à part que Mattéo me pique ma compote, je mange avec plaisir, me répétant qu'approche le moment où les parents de Julien et les miens vont faire la connaissance de notre fille.
J'ai de belles décharges d'adrénaline, et suis impatiente de les voir. Je me demande comment cela va se passer pour Mattéo. J'espère de tout mon cœur qu'il va reconnaître ses parents. Je lui montre la photo sans arrêt, en lui répétant que nous arrivons, et que sa maman et son papa sont là, en bas, et n'attendent que lui.
A
7h06 heure de Paris,
notre avion se pose.
Bien évidemment, nous mettons un temps fou à retrouver nos valises, avec une légère appréhension qu'elles ne se soient finalement arrêtées en Guadeloupe.
Bien évidemment, nous mettons un temps fou à retrouver nos valises, avec une légère appréhension qu'elles ne se soient finalement arrêtées en Guadeloupe.
Mattéo
soudain s'énerve. Par un tout petit espace dans une baie vitrée, il
vient de repérer Françoise, les larmes aux yeux, qui tend les bras
vers lui. Il est radieux, il a tout compris, il sait qu'il va
retrouver sa maman et son papa.
Flore
garde son air grave, sa tête haute, son port de reine.
Mdr, le coup du doigt. Dans quelle famille s'était-elle donc trouvée!! ;)
RépondreSupprimerhihihi! Oui, elle a vraiment dû se le demander ;-)
SupprimerPauvre enfant!!!! Se faire mordre le doigt par son père! Émouvant pour Matteo.
RépondreSupprimerBen quoi, c'est pas une bonne idée ? Ah !... ;-)
Supprimerbon, on va oublier l'episode du croquage de main pour ne garder que l'emotion de l'arrivée, de la re-rencontre des parents de matheo avec leur fiston et vice versa ! une vraie drogue, ces decharges d'adrenaline !
RépondreSupprimerah bien tiens, je viens de realiser en te lisant qu'il y a 5 ans tt pile, on mettait le pied en france aussi !!! :o)))
des bises
Sylvie
Un moment très émouvant, l'arrivée en France, je trouve...
Supprimerhihihi excellent le coup du gateau au chocolat:-)) je ne m'y attendais pas! pauvre M..Julien! bravo qd meme a lui d'avoir assure comme un chef pour les missions toilettes!! je devrais aussi ecrire notre voyage retour, tout un poème, question changements de couches de ma poulette dans l'avion, bien frequents en plus car evidemment toutes les emotions avaient bien detraque son petit estomac... hummmm un vrai plaisir:-))
RépondreSupprimerCa faisait qq jours que j'etais pas venu et ca me manquait, c'est tjs aussi prenant, droles, émouvants etc.... tes récits Sophie! et finalement c'etait pas si mal car j'ai pu en lire plusieurs d'un coup!! des bisettes ! Eliane
Oui, oui ! Je veux lire ton voyage de retour ! ;-)
Supprimerça y est tu as trouvé le secret pour être resplendissante après une nuit blanche, un long voyage, plusieurs vagues de solitude intense face au reste du monde.... Que du bonheur!!!
RépondreSupprimerJe vais breveter mon idée, tu as raison ! ;-)
SupprimerGénial la photo, j'ai à peu près la même de ma princesse posée sur les valises, elles-même sur le chariot, mais au départ.... Nous devons être nombreux en fait à avoir ce type de photo, mais oh combien émouvantes....
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