Le lendemain, la
virée à Port-au-Prince s'impose : Nous devons avoir le visa
pour que Flore puisse entrer en France. C'est bien sûr l'ambassade
de France qui va nous la délivrer, présence obligatoire des parents
adoptants et de l'enfant.
Avant de partir de l'orphelinat, on nous prévient gentiment (enfin, prudemment surtout) que le voyage risque d'être remuant pour la petite (on se souvient bien de l'aller, merci), et qu'il faut prévoir une bassine au cas où elle vomisse (mon angoisse ! Je ne suis pas bégueule, mais le vomi, j'y arrive pas...) et quelques couches : une fuite est si vite arrivée !
Nous voilà Julien et moi dans l'énorme voiture, calés à l'arrière entre des caisses qu'on transporte pour apporter je ne sais où, quelques bénévoles qui descendent sur Port-au-Prince, le sac plein de couches, lingettes, compotes et boudoirs, la grosse cuvette jaune (grosse, parce que j'ai prévenu que la dose risquait d'être multipliée par deux...).
Avant de partir, pour faire bonne figure à l'ambassade (tout de même), je m'acharne à discipliner ma coiffure, ma couperose et ma transpiration : en effet, entre la chaleur et le taux d'humidité approchant le 100%, j'ai du foin humide et dissident en guise de chevelure, deux belles plaques rondes et rouges sur les joues et je suis à tordre dès le réveil. Je tâche comme je peux de me coiffer, de me maquiller et de me désodoriser... ce qui est un peu une cause perdue, mais j'ai ma bonne conscience pour moi.
Avant de partir de l'orphelinat, on nous prévient gentiment (enfin, prudemment surtout) que le voyage risque d'être remuant pour la petite (on se souvient bien de l'aller, merci), et qu'il faut prévoir une bassine au cas où elle vomisse (mon angoisse ! Je ne suis pas bégueule, mais le vomi, j'y arrive pas...) et quelques couches : une fuite est si vite arrivée !
Nous voilà Julien et moi dans l'énorme voiture, calés à l'arrière entre des caisses qu'on transporte pour apporter je ne sais où, quelques bénévoles qui descendent sur Port-au-Prince, le sac plein de couches, lingettes, compotes et boudoirs, la grosse cuvette jaune (grosse, parce que j'ai prévenu que la dose risquait d'être multipliée par deux...).
Avant de partir, pour faire bonne figure à l'ambassade (tout de même), je m'acharne à discipliner ma coiffure, ma couperose et ma transpiration : en effet, entre la chaleur et le taux d'humidité approchant le 100%, j'ai du foin humide et dissident en guise de chevelure, deux belles plaques rondes et rouges sur les joues et je suis à tordre dès le réveil. Je tâche comme je peux de me coiffer, de me maquiller et de me désodoriser... ce qui est un peu une cause perdue, mais j'ai ma bonne conscience pour moi.
Une fois prêt, notre convoi démarre. On entame la côte à angle droit, puis les routes cabossées qui mènent à Port-au-Prince.
Je surveille Flore, qui elle-même regarde au-dehors : les enfants ne sortent jamais de l'enceinte de l'orphelinat, alors pour elle, c'est tout un monde qu'elle découvre.
Comme d'habitude, les rues et trottoirs sont pleines de monde. Soudain, devant nous, un chiot se jette sous les roues d'une voiture qui vient en face. Le petit animal est projeté en l'air, et retombe sur la route, pris de convulsions. Il agonise là, au milieu de la foule, et personne, mais vraiment personne, n'a seulement même un regard pour lui.
Mise à part moi, qui ne comprend pas ce qu'il se passe. Pourquoi personne ne réagit ? Pourquoi personne ne l'attrape pour le mener à un vétérinaire ? Pourquoi va-t-il mourir tout seul, probablement achevé par une autre voiture qui ne l'aura même pas évité !
Je suis effondrée. D'abord pour le petit chien, bien sûr. Mais aussi parce que les êtres humains qui sont autour n'ont pas la place d'avoir de l'empathie pour un animal tant ils ont à faire avec eux-mêmes !
Ca
en dit long sur le dénuement qu'ils ont à combattre !
Notre voiture s'éloigne. La tête dévissée, je regarde le chiot mourir en pleurant sur l'injustice du monde.
Nous arrivons à Port-au-Prince. La voiture dont la climatisation pourtant bienvenue rajoute sa part à la pollution ambiante, s'arrête devant un magasin d'alimentation. Devant, deux hommes, impressionnants Mister T, montent la garde, de part et d'autre de la porte, avec une longue arme à feu en main. De véritables kalachnikov. Je me dis que je rêve, mais quand je vois la tête de Julien qui les regarde, inquiet et abasourdi, je suis bien obligée d'admettre que ce ne sont pas des pistolets à eau.
J'ai une vague appréhension quand je passe à leurs côtés et me presse d'entrer dans la supérette.
Là, il y fait frais, l'opulence, qui tranche avec la misère des rues, est impressionnante. Nous avons beau chercher, il y a peu de spécialités haïtiennes. D'ailleurs, la plupart des clients sont blancs.
Les bénévoles font quelques courses, et nous repartons, direction l'ambassade. Comme dans toutes les grandes villes du monde, il y a des embouteillages, et pas de place de parking libres à proximité de l'ambassade. Le chauffeur nous dépose devant, nous expliquant qu'il va tourner jusqu'à ce qu'on sorte pour que pas un instant nous ne soyons seuls dans les rues !
Va falloir être sacrément synchro !
Notre voiture s'éloigne. La tête dévissée, je regarde le chiot mourir en pleurant sur l'injustice du monde.
Nous arrivons à Port-au-Prince. La voiture dont la climatisation pourtant bienvenue rajoute sa part à la pollution ambiante, s'arrête devant un magasin d'alimentation. Devant, deux hommes, impressionnants Mister T, montent la garde, de part et d'autre de la porte, avec une longue arme à feu en main. De véritables kalachnikov. Je me dis que je rêve, mais quand je vois la tête de Julien qui les regarde, inquiet et abasourdi, je suis bien obligée d'admettre que ce ne sont pas des pistolets à eau.
J'ai une vague appréhension quand je passe à leurs côtés et me presse d'entrer dans la supérette.
Là, il y fait frais, l'opulence, qui tranche avec la misère des rues, est impressionnante. Nous avons beau chercher, il y a peu de spécialités haïtiennes. D'ailleurs, la plupart des clients sont blancs.
Les bénévoles font quelques courses, et nous repartons, direction l'ambassade. Comme dans toutes les grandes villes du monde, il y a des embouteillages, et pas de place de parking libres à proximité de l'ambassade. Le chauffeur nous dépose devant, nous expliquant qu'il va tourner jusqu'à ce qu'on sorte pour que pas un instant nous ne soyons seuls dans les rues !
Va falloir être sacrément synchro !
Pas
le temps de flipper, nous rentrons dans les jardins de l'ambassade
après un contrôle de sécurité commak.
Dans
l'entrée du bâtiment, il fait très sombre. On ne sait pas trop à
qui s'adresser. Pas d'accueil, des gens partout qui ont l'air aussi
paumés que nous. On fait quelques pas à gauche, à droite, et puis
finalement, on se décide à passer dans une autre pièce où l'on
nous indique aimablement un box où attendre. Il fait une chaleur de
dingue, je tente de plaquer mon foin sur ma tête, je m'éponge le
visage avec une lingette de Flore qui efface mon fond de teint. Pas
grave, il ne servait pas à grand'chose : pour camoufler mes rougeurs tropicales, il aurait fallu une couche de
plâtre.
Au
bout d'un certain temps, une femme nous appelle dans son bureau, un
espace minuscule, rempli de dossiers du sol au plafond. Je croise les
doigts pour que ce ne soit pas des dossiers d'adoption en instance.
On papote – elle est très sympathique – elle nous pose mille
questions pour s'assurer que nous sommes bien qui nous disons être
(!), on remplit et signe des papiers, puis elle nous donne LE
passeport avec le visa de notre fille, à notre grand soulagement.
Mais
en ressortant de l'ambassade, pas de 4x4 ! On a beau demander au
vigile de l'entrée de nous laisser attendre du côté intérieur de
la grille, il refuse. Interdit de stationner dans les jardins de
l'ambassade, qu'il nous dit. Oust ! Dehors !
Protection de ses ressortissants n'est pas une des missions premières d'une ambassade ?
Bien évidemment, nous sommes à peine sortis que plusieurs hommes nous sautent dessus, comme à l'aéroport, nous proposant leurs services pour un taxi, un hôtel ou d'autres choses que nous ne comprenons pas. Alors que Julien, qui a acquis une grande expérience pour se débarrasser des importuns depuis sa course sur le parvis de Toussaint Louverture, tente de repousser leurs avances, un homme devient agressif. Mais c'est le moment que choisit également le chauffeur de l'orphelinat pour débouler, s'arrêter au frein à main sur le trottoir deux mètres plus loin, sauter de sa voiture, rappliquer au pas de course, nous empoigner puis nous treuiller jusqu'au 4x4 où il nous enferme à double tour !
Pfiou ! C'est passé tellement vite que j'ai rien compris !
Protection de ses ressortissants n'est pas une des missions premières d'une ambassade ?
Bien évidemment, nous sommes à peine sortis que plusieurs hommes nous sautent dessus, comme à l'aéroport, nous proposant leurs services pour un taxi, un hôtel ou d'autres choses que nous ne comprenons pas. Alors que Julien, qui a acquis une grande expérience pour se débarrasser des importuns depuis sa course sur le parvis de Toussaint Louverture, tente de repousser leurs avances, un homme devient agressif. Mais c'est le moment que choisit également le chauffeur de l'orphelinat pour débouler, s'arrêter au frein à main sur le trottoir deux mètres plus loin, sauter de sa voiture, rappliquer au pas de course, nous empoigner puis nous treuiller jusqu'au 4x4 où il nous enferme à double tour !
Pfiou ! C'est passé tellement vite que j'ai rien compris !
La
seule à se marrer, c'est Flore.
Julien et moi, un peu tourneboulés, remercions le chauffeur qui insiste bien : Il ne faut jamais s'aventurer seul dans les rues de Port-au-Prince !
Comme si on l'avait fait exprès !
Le retour est plus calme. Flore n'est absolument pas malade (cuvette jaune au rebut), elle s'endort même, épuisée de toutes les émotions de la matinée. J'en ferais bien autant, tiens ! Mais il y a tant de choses à voir, sur cette route.
Julien et moi, un peu tourneboulés, remercions le chauffeur qui insiste bien : Il ne faut jamais s'aventurer seul dans les rues de Port-au-Prince !
Comme si on l'avait fait exprès !
Le retour est plus calme. Flore n'est absolument pas malade (cuvette jaune au rebut), elle s'endort même, épuisée de toutes les émotions de la matinée. J'en ferais bien autant, tiens ! Mais il y a tant de choses à voir, sur cette route.
Je ne peux m'empêcher de chercher le petit chien quand nous repassons à l'endroit de l'accident, mais je ne vois rien. J'ai un fol espoir : a-t-il seulement été blessé et est reparti clopin-clopant trouver un petit maître ou une petite maîtresse qui jouera au bâton avec lui ?
J'attends toujours les épisodes avec impatience
RépondreSupprimerpas autant que la venue de notre fille, dossier bloqué, sans doute pour plusieurs mois.
quelle belle petite dans tes bras!!
kara
Mince, que se passe-t-il Kara ? Pourquoi la procédure est-elle bloquée ?
SupprimerC'est comme ça c'est tout, contexte défavorable, donc on fait traîner
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