18 - Mais en fait, l'adoption, c'est quoi ?

La motivation des adoptants et la façon dont ils abordent leur projet dépend de leur situation personnelle, de leur histoire affective, de leur passé médical.
C'est l'entrée en matière de tous les documents que l'on reçoit dans le préfabriqué à néons du Conseil Général.

Forcément, on n'arrive pas vierge de toute histoire, c'est même la base de toute l'histoire de l'humanité : On est ce que la vie fait de nous.

En ce qui concerne la réflexion sur l'adoption qu'on nous pousse à avoir, avec son paquet de lectures, discussions et attentes (parce que qu'est ce qu'on attend...), bien sûr, on évolue au fil du temps. C'est une réalité, qu'on ne perçoit pas en bas de la montagne, mais qui se dessine peu à peu.

Au passage, si ça ne se dessine pas, c'est qu'il faut arrêter. C'est dur, mais c'est ainsi.

Julien et moi avons eu la chance d'évoluer favorablement au fil du temps.
Il est prévu neuf mois pour ça (neuf mois, ça ne vous dit rien?). Nous, on en a mis dix avec l'épisode ménage-canicule.

Dix mois pendant lesquels on a fait le deuil de l'enfant biologique (Ca vaut mieux, Mâdâââme !) : il n'est pas bon d'avoir dans le farfouillis de notre conscience (ou de notre inconscience) l'idée que notre enfant adopté remplace celui qu'on n'a pas pu porter.

Dix mois où l'on a intégré qu'un enfant, quel que soit son âge, son état de santé, son origine, son passé, a droit à une famille, mais qu'il n'existe aucun droit à être parent. L’adoption est une mesure de protection de l’enfance. C'est tout.

Dix mois où l'on entend qu'un enfant (adopté ou non, d'ailleurs) ne devra pas servir à recoller un couple en errance. 

Dix mois où l'on a vraiment, et intimement, su qu'adopter, ce n'était surtout pas une bonne action (sinon, on parraine !) : C'est un choix de vie, un intime désir de famille. Un besoin quasi égoïste.

Pourtant, tout cela, on va se le prendre dans les dents après l'arrivée de notre enfant, car les lieux communs sur l'adoption ont la vie dure.

Mais nous, au bout de nos dix mois de remue-méninges-ménage, on a compris.

On devrait peut-être faire passer l'agrément à tout le monde.
Ca ne serait pas du luxe.