4 janv. 2014

14 - le grand ménage


Les entretiens se succèdent. Les séances ne sont pas de tout repos, car nous ne réussissons pas à résorber les épisodes violents dans la voiture sur le chemin nous menant au Conseil Général : les entretiens, ça nous met au court bouillon ! Mais l’expérience et la maturité, sans compter un entraînement intensif et une volonté sans faille, nous permettent de tenir le coup.

Inconsciemment, on ne doit plus oser ne plus se disputer, ce serait mauvais signe. D'autant qu'on s'en sort plutôt bien, des entretiens de la DDASS.

Prenez la psychologue, par exemple.
Au début, on se méfie. Un peu à cause du bonobo qui nous a donné une image des psys plutôt singulière.
Mais elle, non, elle ne disparaît pas sous son bureau ni ne nous traite de fromage blanc ou de métèque.

Un bon point.

On parle beaucoup, elle ne laisse pas les blancs s'installer, elle nous écoute, nous encourage. Ca détend. On y prendrait presque plaisir. Ce qui fait qu'on est nature, et qu'au final, elle apprécie qu'on montre qui on est vraiment. On prend alors conscience qu'on ne peut pas être de Super-Parents (parce qu'on croyait que c'est ce qu'on attendait de nous !), mais des parents, tout simplement.
En cela, elle trouve que notre réflexion s'est très affinée. Comme quoi, être soi-même, ça paye.
Cela dit, on évite tout de même de se prendre la grosse tête, un dérapage est si vite arrivé.

La dernière séance avec Madame Marvel mérite – tout comme la première – qu'on s'y attarde un peu.


Madame Marvel doit venir visiter notre maison, afin de juger si elle est adaptée à l’accueil d’un enfant. La visite est prévue en août.
Et ce mois d'août, là, c'est la canicule !

La veille, ma sœur et ma mère nous donnent un coup de main pour LE grand ménage : Nous voulons montrer à Madame Marvel combien nous sommes ordonnés et propres, comme doivent l'être tout bons parents.

Ma mère, assez spécialiste du nettoyage, prend les choses en main et distribue les missions.

On balaie on lave on lessive.
J'y vais même au coton-tige imbibé de javel (même si ça heurte mon côté écolo, mais je ne suis plus à une contradiction près) pour déloger les pâtés noirâtres qui se logent dans les rainures des lavabos.
Julien trie et range (entendez : il fourre tout en vrac dans les placards).
On s'organise, même si c'est tuant : A quatre, ça nous prend la journée, 40° à l’ombre.
Ahanant comme des baudets.
Suant comme des porcs.

Jamais autant briqué, moi.

Mais quand Madame Marvel arrive le lendemain, la maison est NI-CKEL !

Il faut adopter au moins une fois dans sa vie pour connaître ce plaisir d’une maison désinfectée comme une salle d’op' !

Madame Marvel et nous, on est maintenant de vieilles connaissances. Elle, souriante, avenante, nous, décontractés, stupéfaits d’être aussi bien alors que, par la force des choses, nous n’avons pas pu nous adonner à notre rite préféré, à savoir nous engueuler comme des chiffonniers dans la voiture.

Les discussions sont conviviales, plaisantes, mais un peu dérangées par le passage des automobiles. Ben oui, d'un côté notre maison donne sur le jardin, mais de l'autre, sur la route. Et pour faire courant d'air, parce que la chaleur est intenable, nous avons ouvert toutes les fenêtres (ça dilue aussi les odeurs d'eau de javel). Fait très inhabituel, puisque les fenêtres ouvertes côté rues, c'est bien trop bruyant. Du coup, nous n'entendons pas toujours clairement ce que dit Madame Marvel. Ce qui occasionne quelques malentendus. Mais comme elle n'entend pas bien bien non plus ce que nous disons, c'est kif-kif bourricot.
Comme on boit aussi comme des trous, je me retrouve à aller faire pipi toutes les cinq minutes, laissant Julien tout seul avec Madame Marvel (ce qui ne manque pas de m'inquiéter), donnant à la conversation un caractère haché peu constructif.

Ca devait être notre dernier entretien, mais comme il est un peu raté, madame Marvel nous propose de finaliser la procédure par un ultime, dans les locaux de la DDASS, à l'automne (au frais, quoi).

Ca repousse le résultat d'un mois, mais bon, on n'ose pas lui dire non, surtout qu'on est de plus en plus mollasson (entre la chaleur et la fatigue du ménage de la veille).
Cela dit, on sait bien que nous touchons au but.


Et la maison sent si bon l'eau de javel !





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