Les
jours passent à toute vitesse, et pourtant, ils sont remplis
d'histoires, et de rencontres.
Un jour, je laisse Flore avec son papa et je monte seule au dortoir faire des photos des enfants de mes amies dont la procédure n'est pas encore terminée.
Je sais ce que c'est qu'attendre son fils ou sa fille, et je m'applique du mieux que je peux dans la jungle du dortoir pour repérer les petits. Ca grouille de partout, beaucoup d'enfants m'agrippent pour un câlin, un bisou, que je les prenne en photo, ou simplement pour montrer qu'ils existent.
D'autres
me fuient. Ils ne me connaissent pas, je les dérange, je perturbe
leur quotidien, je leur fais peur. Ils me regardent du coin de
l'oeil. Eux aussi font ça pour montrer qu'ils existent.
Ce
jour-là, je découvre l'infirmerie. Trois tout petits enfants, des
nourrissons, dorment dans des lits qui sont de véritables couveuses.
Des bébés dont la maman est morte en couche, ou qui ont été
trouvés sur le bord d'un fossé, seuls, dans un état de
malnutrition avancé. La crèche de Dixie est médicalisée, les
petits ont de grandes chances de s'en sortir. J'ai vu des photos
avant/après, où des enfants malingres au regard vide devenaient de
beaux bébés joufflus et riants.
J'admire longuement ces trois
minuscules enfants qui se battent pour vivre, après une entrée sur
scène si dramatique, et je croise les doigts pour que la vie leur
accorde aussi la faveur de devenir joufflus et souriants.
Sur
la terrasse où je fais mes photos, une fillette d'environ trois ans
me saute dessus en riant :
« Maman d'Yveline, maman d'Yveline, photo-moi, maman d'Yveline ! ». C'est Carline. Tout le monde ici parle d'elle. Petite fille séropositive, terriblement vivante et dégourdie, Carline est la joie de vivre !
C'est bête de l'étiqueter séropositive, comme ça, mais c'est une réalité qu'en tant que parents adoptants, on ne peut ignorer. Carline suit un traitement, et trouvera aussi une famille adoptante qui, malgré ce terrible fardeau qui pèse sur elle, fera d'elle leur fille pour toujours. Je fais les photos, elle prend la pose, éclate de rire, puis repart en criant avec son accent créole :
« Merci maman d'Yveline, merci ! »
« Maman d'Yveline, maman d'Yveline, photo-moi, maman d'Yveline ! ». C'est Carline. Tout le monde ici parle d'elle. Petite fille séropositive, terriblement vivante et dégourdie, Carline est la joie de vivre !
C'est bête de l'étiqueter séropositive, comme ça, mais c'est une réalité qu'en tant que parents adoptants, on ne peut ignorer. Carline suit un traitement, et trouvera aussi une famille adoptante qui, malgré ce terrible fardeau qui pèse sur elle, fera d'elle leur fille pour toujours. Je fais les photos, elle prend la pose, éclate de rire, puis repart en criant avec son accent créole :
« Merci maman d'Yveline, merci ! »
Je
redescends, et trouve Julien, qui a mis Flore dans les bras de Mitha
pour prendre aussi quelques photos. Chose étrange, alors qu'elle l'a
adorée, Flore semble indifférente à sa nounou. Elle ne la regarde pas, la maintient même à
distance avec ses mains, tend son cou vers Julien, puis vers moi
quand j'arrive, en sanglotant doucement, comme chaque fois qu'elle
est angoissée.
Je pense qu'elle a compris qu'une étape était franchie ; en si peu de temps, cette
toute petite fille a transposé son amour sur nous. Mitha, avec sa
générosité de coeur, le sait aussi, et me donne Flore, qui se
blottit contre moi. Je prends la main de Mitha ; quelque chose
passe entre nous deux : Cette femme a en elle tant de beauté et
de bonté que je ne peux empêcher mes larmes. Je regarde Mitha dans
les yeux ; elle pleure aussi. Elle me montre Flore, puis met sa
main sur son cœur. Elle aime ma fille, et au travers Flore, elle
m'aime aussi.
Nous ne parlons pas la même langue, je ne connais pas le créole, elle maîtrise mal le français, mais nous nous comprenons !
Mitha, c'est la nounou des causes perdues, des enfants dépressifs, celle dont le coeur immense redonne le sourire aux enfants tristes, celle dont les mains caressent, coiffent, papouillent avec sincérité, celle dont les mots consolent et apaisent, celle dont le regard en dit long sur l'amour qu'elle partage sans compter.
Nous ne parlons pas la même langue, je ne connais pas le créole, elle maîtrise mal le français, mais nous nous comprenons !
Mitha, c'est la nounou des causes perdues, des enfants dépressifs, celle dont le coeur immense redonne le sourire aux enfants tristes, celle dont les mains caressent, coiffent, papouillent avec sincérité, celle dont les mots consolent et apaisent, celle dont le regard en dit long sur l'amour qu'elle partage sans compter.
Il y a tant de richesse en cette femme qui elle-même possède si peu de biens.
Mitha
pourrait donner des leçons de grandeur à bien des humains.
Une belle femme! Merci de nous redonner à penser qu'il existe de telles femmes, empreintes d'Humanité, de coeur, une âme, une belle âme!
RépondreSupprimerEvelyne, Mitha était extraordinaire !
SupprimerQuel bel hommage... Je suis toute émue....
RépondreSupprimerOui, elle le méritait tellement...
SupprimerBen moi, j'ai pleuré en lisant cet hommage. RIP, Mytha. Cat et ses Tornades.
RépondreSupprimer:'(
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